Conservation and Biodiversity
Perdus Dans L’Incertitude: Sauver Wikie et Keijo
June 9, 2025
Aujourd’hui s’ouvre la Conférence des Nations Unies sur l’Océan 2025 à Nice, réunissant dirigeants, scientifiques et experts du monde entier pour discuter de la santé des océans. Pourtant, à seulement 22 kilomètres de la conférence, une réalité cruelle persiste : 2 orques et 12 grands dauphins sont toujours détenus en captivité dans un parc marin fermé, privés de liberté, et survivant dans des bassins ne répondant qu’aux normes minimales. Nous avons besoin que le gouvernement français intervienne et insiste pour que leurs conditions de vie soient améliorées et qu’une solution satisfaisante soit trouvée.
Dans un parc marin fermé de la Côte d’Azur, Wikie et son fils Keijo tournent en rond dans des bassins délabrés et infestés d’algues. Hier, ce duo d’orques mère-fils était la vedette des spectacles de Marineland ; aujourd’hui, ces orques sont les dernières retenues en captivité en France – et elles n’ont nulle part où aller ensuite.
En 2021, la France a adopté une loi historique qui interdit d’utiliser des cétacés – dont les orques et les dauphins – pour des spectacles et de les détenir en captivité, pour des raisons de bien-être animal. Ce fut une victoire majeure pour les militants et défenseurs de la vie marine, et Marineland a mentionné la loi pour expliquer sa fermeture le 5 janvier 2025. Quand le parc a fermé, il détenait 4,000 animaux, de 150 espèces différentes. La plupart ont été transférés ailleurs, mais Wikie et son fils Keijo, qui ont respectivement 23 et 11 ans, sont toujours dans le parc. C’est aussi le cas de 12 grands dauphins.
Danger dans les profondeurs
La loi française a laissé jusqu’à décembre 2026 au parc Marineland d’Antibes pour trouver un nouveau chez-eux adapté à Wikie, Keijo, et aux dauphins, mais sans succès pour l’instant. En attendant, le parc est responsable du bien-être de ces animaux. Cependant, seulement une équipe réduite travaille pour les nourrir, et les militants craignent que les orques ne soient retenues dans des conditions qui se dégradent et avec peu de stimulation mentale.
De nouvelles images filmées par drône par TideBreakers montrent les orques nageant dans des eaux pleines d’algues et entourées d’enclos vides. Les défenseurs des animaux tirent la sonnette d’alarme, expliquant que les orques pourraient devenir malades. TideBreakers avertit qu’elles pourraient potentiellement “être euthanasiées ou succomber à leur environnement qui se dégrade”.
Les orques sauvages nagent en moyenne 65 kilomètres par jour seulement pour se nourrir et se maintenir en forme. Pour Naomi Rose, spécialiste des mammifères marins, on ne peut pas modifier l’évolution pour mettre des orques dans des bassins. Un premier indicateur pour déterminer si un mammifère se portera bien en captivité est l’étendue de son aire de répartition dans la nature, et “pas un seul mammifère marin n’est adapté pour s’épanouir… dans une véritable boîte”.
Wikie, Keijo, et ces dauphins sont tous des animaux très intelligents et requièrent un enrichissement mental que l’équipe réduite de Marinland n’est peut-être pas en capacité de fournir de manière adéquate. Les orques ont le deuxième cerveau le plus gros de tous les animaux sur la planète, et comme les humains, elles ont développé une intelligence sociale, un langage, une conscience de soi, et des cultures sophistiquées. En étant isolés dans un bassin fermé sans d’importantes interactions humaines, Wikie et Keijo ne s’ennuient pas seulement, ils sont peut-être en train de souffrir.
Dans la nature, les orques femelles peuvent vivre jusqu’à au moins 90 ans, et les mâles jusqu’à 60 ans. Les orques vivent bien moins longtemps en captivité, et deux membres de la famille de Wikie et Keijo sont déjà morts en l’espace de 5 mois dans le parc. Moana, le premier fils de Wikie et le frère de Keijo, est mort à l’âge de 12 ans en octobre 2023 à cause d’une infection bactérienne dans son sang, potentiellement contractée par du poisson contaminé. Inouk, le frère de Wikie, est mort à 25 ans en mars 2024 après avoir ingéré un morceau métallique, probablement tombé dans le bassin des orques.
Avant sa mort, il avait déjà une nageoire dorsale blessée et plus de dents car il rongeait les murs de son bassin. L’automutilation est un comportement dû au stress et typique des animaux captifs qui sont peu stimulés et retenus dans des espaces trop étroits. Ces deux morts ont eu lieu alors que le parc était encore ouvert et en activité.
Nulle part où aller
Jusqu’à présent, les tentatives pour trouver un nouveau lieu d’accueil pour Wikie et Keijo se sont toutes soldées par des échecs. Leur destination la plus probable était Loro Parque, un zoo marin à Ténérife, en Espagne. Cependant, suite à l’intervention d’une autre ONG, les gouvernements français et espagnols ont rejeté le transfert par manque d’espace. Loro Parque accueille déjà quatre orques, dont une née en mars dernier, et un panel a conclu que le parc ne pourrait pas satisfaire les conditions requises – déjà peu exigeantes – pour accueillir deux autres orques.
Marineland a aussi espéré un transfert des orques vers un zoo marin au Japon. Cependant, le gouvernement français s’y est opposé en raison des faibles normes japonaises en matière de bien-être animal, qui pourraient donc menacer le bien-être de Wikie and Keijo. Le gouvernement français a demandé un transfert vers un parc européen avec des normes plus élevées.
La Ministre française de la Transition Écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer, et de la Pêche, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré en février qu’un site approprié pour un sanctuaire européen n’avait pas encore été trouvé. Cependant, elle a aussi révélé que des discussions avaient eu lieu entre les ministres italien, grec, et espagnol pour trouver une solution. Si aucune décision n’a été prise pour le moment, Agnès Pannier-Runacher a dit que le projet du sanctuaire Taranto en Italie avait le soutien des autorités et “pourrait être prêt en un an”. Il y a également eu des discussions pour transférer les orques vers un sanctuaire au Canada, mais il n’a pas encore été construit et n’est donc pas une option.
Le gouvernement français a déclaré que le transfert pourrait prendre un an au minimum pendant qu’un lieu adéquat pour eux est trouvé. Mais Wikie et Keijo pourraient ne pas survivre si longtemps.
L’action, pas le silence
Ironiquement, la k s’apprête à avoir lieu à Nice, soit à seulement 22 kilomètres du parc Marineland d’Antibes. Du 9 au 13 juin, pendant que les leaders mondiaux et experts de l’océan se réunissent pour protéger la vie marine, deux des animaux les plus intelligents et complexes émotionnellement du monde souffrent en silence à côté. Ceci n’est pas une issue locale ; c’est un échec moral mondial.
L’ONU ne peut pas prétendre être le leader de la protection des océans tout en ignorant la souffrance si proche de son sommet. Nous appelons les participants de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à parler de cette affaire urgente et à aider les autorités et le parc Marineland à trouver une solution.
Nous vous appelons aussi vous, chers lecteurs, à faire entendre votre voix. Aidez-nous à exercer une pression sur le gouvernement français pour qu’il agisse sur cette urgence. Écrivez directement au Président Emmanuel Macron, lui demandant d’intervenir immédiatement pour garantir un futur humain et durable pour ces animaux et de remplir les engagements de la France concernant le bien-être animal. De plus, exhortez la presse française à couvrir cette histoire plus largement et, s’il vous plaît, partagez cette histoire sur vos réseaux sociaux.
Ces orques et dauphins sont dans l’incertitude. Assurez-vous que le monde entende leur histoire et agisse car Wikie et Keijo ne peuvent pas attendre indéfiniment – aujourd’hui leur vie est en jeu.
Vous pouvez voir la situation difficile de Wikie et de son fils, Keijo ICI.
Photo credit: TideBreakers
